Dans les Bras du Saule Pleureur

Sujet: Dans les Bras du Saule Pleureur Jeu 18 Sep 2008 - 17:41

~Premier Post~

Qu'y a-t-il de plus étrange que de déambuler au sein d'une foule d'une immense intensité sans pour autant se sentir entouré de réelles présences. Ne vous est-il jamais arrivé de marcher tout droit, sans vous préoccuper des personnes croisant votre route et vaquant à leurs occupations tout autour de vous ? Emprisonné en cette sensation de ne rien ressentir de ce qu'est l'univers en lequel vous vous trouvez emprisonné dès lors, incapable de sortir, de trouver une issue ? Le commun des mortels appelaient cela le "quotidien", insassiable force qui vous attire en ses méandres ennuyeuses, pourvues de labeurs et de banalités. Depuis combien de temps William avait-il fait abstraction de ce monde pour ne faire qu'un avec son seul esprit, se détâchant de cette masse dans laquelle il n'était plus qu'un oiseau parmi autant de nuages vaporeux ? Il n'aurait su le dire alors que sa silhouette se déplaçait grâcieusement au milieu des autres, sûre, distincte par un certain trait de noblesse qui ne laissait pas les plus perspicaces indifférents. Depuis fort longtemps maintenant, aucun être n'avait su briser sa confiance en lui-même, en ses desseins et en ses convictions, et la chose n'était pas près d'arriver. Cette masse grouillante n'était rien, non, il n'éprouvait rien pour de parfaits inconnus. Son monde s'était effrondré depuis assez de temps pour qu'il n'en cherchât pas un autre ailleurs. C'était ainsi, l'on ne pouvait pas réellement le changer désormais. Et comme ses pensées étaient en dehors de celles des autres en cet instant, ses pas le conduirent hors du chemin principal du parc, l'attirant irrésistiblement dans la direction d'un bosquet isolé près duquel il ne saurait que trop bien ressentir l'aisance qu'il recherchait cet après-midi.

Cet endroit n'était en rien semblable à celui qu'il avait connu étant enfant. Cela ne risquait pas de lui rappeler des souvenirs qui auraient su faire vasciller sa confiance. Peu enclin à prendre garde à ses vêtements qui risquaient de se salir à même le sol recouvert d'une herbe aussi verte que la plus belle des émeraudes, il décida de s'assoir paisiblement. Mais alors que son regard perçant se dirigeait lentement vers l'eau du lac se situant tout près, ses doigts habiles déployèrent les fines ailes d'un ouvrage dédié à une histoire qu'il appréciait parmi tant d'autres. William appréciait la lecture au calme, se laissant le loisir de s'évader sans pour autant s'y perdre au point d'en oublier la réalité comme beaucoup se plaisaient à le faire. Il était des personnes qui possédaient cette capacité à fuir le réel pour s'abandonner durant un bref instant en un monde qui leur était propre. Le jeune homme enviait quelque peu ces gens, sans pour autant maudire sa façon d'être. La réflexion était une chose dont il était capable et il en était pleinement conscient malgré sa volonté d'oublier le sérieux pour l'hérésie. A droite, des enfants jouaient ensemble, s'élançant dans l'herbe sans se soucier du monde des adultes... A gauche, sur le lac, un bateau promenant un homme et une femme survolait les ondulations de l'eau dans le calme le plus plat... Autant de contrastes qui signifiaient l'aspect même de la Vie. Et Dieu savait combien ces aspects étaient nombreux !

* Sans doute est-il agréable d'oublier un instant que ce monde est bien plus sombre qu'il n'y paraît. *

Songea William en affichant un sourire serein alors que ses iris pourpres se plongeaient dans la contemplation des mots qui ornaient la première page dont il ne se lassait de savourer la lecture. Cet ouvrage était sans nul doutes celui qu'il préférait, relatant des histoires diverses d'enquêtes invraissemblables menées par un détective auquel on ne s'attendait pas. Cela allait sans dire, l'homme en question possédait un sens de la déduction hors du commun, chose qui n'était pour déplaire au lecteur qui suivait ces lignes avec le plus grand intérêt. L'un de ses genoux replié, Will y posa son coude pour déposer sa tempe gauche au creux de la paume de sa main. Il ne se départissait pas le moindre du monde de ce petit sourire impertinent qui lui était propre, bien qu'absorbé par son activité du moment. Un brise délicate venait quelque peu balayer les quelques feuilles qui se trouvaient sur le sol, près du tronc contre lequel il appuyait son dos. L'arbre en question était un Saule Pleureur, l'un de ses préférés. Ses immenses branches tombantes ne manquaient pas de créer un refuge parfait afin que l'on ne le dérangea pas le moindre du monde, ainsi qu'un abri confortable contre les rayons du soleil qui osaient se répandre sur cette terre. Sous cet abri tamisé, le jeune homme ne pouvait espérer plus de tranquilité.

» Promenons nous dans les rues, pendant que le loup y es